L’école communale – 1836 à 1945
Douloureux ou attendrissant, les souvenirs d’école, de la salle de classe et son tableau noir à la cour de récréation et son immense préau, restent à jamais gravés dans nos mémoires.
En 1816, une ordonnance royale oblige les communes à proposer une instruction primaire (même sous le contrôle de l’Eglise). Mais aucune mesure importante n’est prise et cette ordonnance reste une vaine promesse.
Les premiers cours d’enseignements à Saint-Michel-de-Saint-Geoirs sont donnés par des religieux, seuls quelques enfants de familles suffisamment aisées assistent à ces cours payants. Avant 1836, il n’existe aucune archive connue faisant mention de projet de construction d’école dans la commune.
Les Maisons d’école au XIXème siècle à Saint-Michel
En 1833, la loi Guizot impose l’ouverture d’une école de garçons dans toutes les communes de plus de 500 habitants. En 1836, le conseil municipal évoque le coût de dépense pour une instruction primaire et un instituteur. 505 habitants sont recensés à Saint-Michel, la commune est donc dans l’obligation d’ouvrir une école ou plutôt une « maison d’école ». Ces maisons d’école ne sont souvent que des locaux de fortune, une pièce unique, petite, mal éclairée et mal chauffée, voir une grange désaffectée ou un presbytère qui ne se distingue en rien des autres maisons du village.
En 1839, pour la première fois à Saint-Michel, on évoque la construction d’une maison pour l’école primaire. Finalement, cette proposition reste sans suite, priorité à la construction de l’église et à l’entretien des chemins communaux.
En 1847, François Champon, natif de la commune (La Barbaudière), qui sort de l’École Normal, est le nouvel instituteur. Une maison est louée (non répertoriée), seulement pour y faire les cours, il n’y a pas de logement. Les parents qui envoient leurs enfants á cette instruction doivent payer l’instituteur. Les tarifs s’échelonnent de 1,20 Franc á 3 Francs par élève suivant la classe. En outre, 5 élèves dont les parents n’ont pas les moyens, peuvent assister à ces cours.
En 1849, le bail expire. Ainsi, il n’y a plus de maison d’école.
Le maire contacte l’instituteur, qui possède un bâtiment au mas du Mollaret, pour y faire une salle d’étude et un logement pour lui. Le bail est de 4 ans, son prix fixé á 140 Francs à l’année. La salle de classe sert ultérieurement au conseil municipal. De plus, les frais des travaux, d’une armoire, d’un placard pour les archives de la mairie et du charbon pour le chauffage sont à la charge de François Champon.
En 1850, 15 élèves nécessiteux sont admis.
En 1852, le maire communique à ses conseillers que « le souhait des habitants est qu’il soit établi dans la commune une maison d’école pour garçons et filles avec un logement pour l’instituteur et l’institutrice et une salle de mairie pour la réunion du conseil municipal ».
1866 : création du Certificat d’étude primaire (supprimé en 1989).
En 1867, la loi Duruy impose aussi aux communes de plus de 500 habitants l’ouverture d’une école réservée aux filles. En conséquence, il n’y a pas d’obligation à Saint-Michel (483 habitants à cette époque).
Entre 1853 et 1882, il y a 2 maisons d’école répertoriées dans la commune : à partir de 1853, une maison d’école pour garçons (maison au mas du Devais) et à partir de 1875, une maison d’école pour filles (maison aux Fonts Rivoires).
La maison au mas du Devais (actuelle demeure de Gilles Monnet).
Régis Champon qui habite aux Fonts Rivoires fait construire une maison au mas du Devais.
Le 1er novembre 1853, un bail à ferme (bail rural) est signé entre le maire Joseph Coste et le propriétaire de cette nouvelle habitation. Ainsi, cette demeure doit servir de maison d’école pour garçons, pour une durée de 9 ans au tarif de 150 Francs à l’année.
Quelques années plus tard, cette maison devient ensuite la propriété de Joseph Douron (instituteur à Oulles près de Bourg d’Oisans).
Le 1er janvier 1878, M. Douron cède à la commune cette maison, à titre de bail à loyer pour une durée de 2 ans.
Cette habitation se compose au rez-de-chaussée d’une salle à l’usage de la classe des garçons, d’une cuisine située au-dessus de la cave, de 2 chambres à l’étage et d’une salle de mairie située au-dessus de l’escalier. De même, la moitié du galetas, le jardin, l’écurie et la moitié de la cave font partie dans la location. Ce logement sert à l’école et au logement de l’instituteur. Le loyer de 195 Francs est à la charge de la commune et le paiement des contributions à la responsabilité de l’instituteur.
Le 15 février 1880, le bail est renouvelé pour une une durée de 2 ans.
La maison aux Fonts Rivoires (actuelle maison Durand).
En 1875, un bail à loyer est signé entre le maire M. Joseph Dye et Mlle Euphroisine Mollière, propriétaire d’une maison aux Fonts Rivoires.
D’une durée de 3 ans, ce bail prend ainsi effet à compter du 1er janvier 1875 réglé par la commune : 45 francs à l’année. Le paiement des contributions est par ailleurs à la charge de Mlle Mollière.
Cette maison, qui doit servir à l’école des filles se compose au rez-de-chaussée d’une salle à usage de la classe, au 1er étage d’une cuisine et d’une chambre pour l’institutrice. Le grenier et la cave sont également compris dans la location.
En 1878, une convention est signée entre le maire M. Joseph Coste et Etienne Clerc (qui a acheté la maison d’Euphroisine Mollière), pour un bail de 2 ans.
En 1880, cette maison devient par ailleurs la propriété d’Étienne Ginet-Gris. Aussi, on renouvelle le bail avec la commune pour une durée de 2 ans.
Le 12 février 1879, une promesse de vente est signée entre M. Joseph Coste, maire de la commune, et M. Rémy Champon cultivateur (père de Daniel, le futur maire), qui habite l’actuelle maison Détroyat. Pour ce qui est de ce contrat, il concerne la vente d’un terrain de 20 ares environ, au prix de 1 539,30 Francs, situé au mas des Fonts Rivoires. Par ailleurs cet emplacement doit servir à la construction d’une maison d’école prévue par l’Administration locale. Aussi, le paiement est échelonné sur 20 ans.Le 6 juillet, une caisse spéciale pour l’établissement et l’amélioration des bâtiments scolaires est crée. Néanmoins, il manque la somme de 20 268,42 Francs. De ce fait, des avances et des subventions exceptionnelles sont accordées par M. le Ministre de l’Instruction Publique. En dernier lieu, des emprunts à la caisse des écoles permettent de finaliser le projet.
Construction de l’école et de la mairie
La loi Jules Ferry du 16 juin 1881, rend l’enseignement primaire public gratuit, puis obligatoire et laïc par la loi du 28 mars 1882. L’Église s’opposera avec virulence à une école « sans Dieu » et « sans morale ». Mais l’École de la République sera ainsi à partir de cette date : obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants garçons et filles de 6 à 13 ans.
Le 9 mai 1880, le conseil municipal est réuni pour procéder à l’adjudication des travaux de construction de la maison d’école de garçons, école de filles et mairie. 5 soumissions avaient été déposées sur le bureau et c’est finalement M. Eugêne Collonge, entrepreneur à Roybon qui est choisi. Le montant total du devis est de 31 165,15 Francs. Avec un rabais de 11,10% proposé par M. Collonge, le montant net des travaux s’élève en fin de compte à 27 705,82 Francs.
Aussi, la même année, les travaux pour la construction de l’école communale débutent, supervisé par l’architecte Edouard Romiguière, directeur des travaux.
Le 26 octobre 1882, le certificat de réception définitive est signé par le maire de Saint-Michel, assisté de l’entrepreneur et de l’architecte après vérification des travaux exécutés dans les règles de l’art, conforme au devis et au cahier des charges de ce groupe scolaire et mairie.
L’ensemble de ce groupe scolaire est construit dans un espace clos avec ses cours de récréation séparées par une clôture ; filles d’un côté et garçons de l’autre. Chaque cour possède son préau et ses cabinets d’aisances. Le bâtiment comprend 2 salles de classes, bien éclairées avec de grandes fenêtres et bien aérées avec des hauts plafonds, ou sont soigneusement alignés les rangés de pupitres biplaces. L’étage est de ce fait réservé au logement de l’instituteur. L’architecture du bâtiment est aussi pris en considération avec ses murs en galets roulés typique de la région. Une mairie est également aménagée avec sa salle du conseil qui, ainsi associée à l’école, a valeur de symbole.
On retrouvera d’ailleurs ce modèle de bâtiment scolaire familier à nos yeux dans la grande majorité des villages de France.
En 1883, Joseph Félix André-Poyaud vend 54 ares à la commune pour élargir le chemin vicinal vers l’école.
En 1932, des travaux de réfection et de réparations de l’école sont exécutés ; réparation de 4 pièces au logement de l’instituteur d’une part, et réfection des murs de la cour et des préaux et construction d’un mur de séparation des cours de garçons et filles d’autre part.
1934 : une pétition des parents d’élèves est envoyée à l’Inspecteur d’Académie concernant le retard des enfants vis-à-vis de l’instruction, étant donné qu’il n’y a plus qu’une classe suite aux changements trop fréquents des instituteurs. C’est pourquoi, l’année suivante avec 40 élèves, les parents des enfants réclament une seconde classe.
1936 : l’obligation scolaire est portée de 13 à 14 ans.
Le 19 décembre 1937 : plainte des parents d’élèves. Les tentatives de mixité des classes ont été combattues. Le curé de la paroisse, l’abbé Fabre en aurait été l’un des principaux artisans. Cette plainte concernant l’école mixte sera envoyée au préfet le 4 juillet 1939.
8 septembre 1940 : réouverture de la 2ème classe, fille d’un côté et garçons de l’autre.
1942 : à la rentrée scolaire les enseignants demandent qu’il y ait un groupe d’enfants de 6 à 7 ans dans l’école des filles et un groupe d’enfants dans l’école des garçons ; proposition acceptée.
Sources : Archives Départementales de l’Isère.
Registre matricule des élèves de St-Michel-de-St-Geoirs (Garçons).
L’année 1918 et l’année 1919 à St-Michel-de-St-Geoirs, Madeleine Meunier.
Merci à Danièle Guillot, Brigitte Guillot “La Fraternelle”, Madeleine Meunier, Gérard Champon, Gilbert Jacquemet et Maurice Dye pour leurs contributions.
Photos de classes
Il n’existe aucune carte postale ou cliché photographique ancien de salle de classe d’école de Saint-Michel, dans la mesure ou les instituteurs semblent ne pas laisser entrer les photographes « dans » les salles de classe. Rares sont les communes qui en possèdent et seul nous restent les traditionnelles photos de classes des photographes ambulants. Prévenus de leur passage, les parents mettaient un point d’honneur à ce que les enfants soient bien habillés.