Les colonies de vacances
Appelée aussi « La Maison de la Colonie » ou « La Maison des Œuvres » La Fraternelle a accueilli chaque été et pendant plusieurs décennies des enfants en colonies de vacances.
Les premières colonies catholiques apparaissent dans les années 1890. La préoccupation n’est pas tant de fortifier le corps et prendre le bon air mais plus d’éduquer le corps et l’esprit dans un environnement sain, comme une contrepartie à l’enseignement laïc. Les œuvres qui veulent arracher les enfants à l’oisiveté et à l’ennui de leurs quartiers ouvrent des colonies de vacances d’été. Elles sont sans vocation curative mais à but éducatif, principalement à la mer ou à la campagne dans des bâtiments prêtés par des institutions religieuses ou le clergé local. Elles connaîtront leur âge d’or entre 1930 et 1960.
La Fraternelle vient d’être inaugurée et, à peine quelques années plus tard, les premiers petits colons (uniquement des garçons) arrivent en juillet 1932 pour les vacances d’été. Ils sont accueillis par le directeur des lieux, l’abbé Durand, ainsi que par les surveillants, les abbés Ginet et Brizard. En 1937, ce sont 35 enfants de Saint-Marcellin qui investissent les lieux pour le mois d’août.
Programme des journées
Les journées des colonies sont évidemment planifiées par les encadrants. L’emploi du temps est le suivant :
lever vers 7 heures, toilette à l’eau fraîche autour d’une fontaine située en contrebas de l’église. À cette époque il n’y a pas encore l’eau courante à Saint-Michel. Après le déjeuner avec café au lait, il y a la traditionnelle messe quotidienne. La matinée se déroule par des travaux manuels et le courrier par temps de pluie, ou par les jeux de plein air par beau temps. À midi, les petits colons se retrouvent tous ensemble pour le repas préparé par une cuisinière aidée de deux bénévoles.
L’après-midi est surtout réservé à la promenade dans la campagne, rythmée par des chansons et entrecoupée par le goûter. Parfois, les sorties sont sur 2 jours, témoignage du petit Roger qui écrit à ses parents à Saint-Marcellin en août 1942 : « … On est allé au lac de Roybon et on a diné sur l’herbe. Mardi, on est allé à l’Abbaye de la Trappe de Chambaran. On a diné à la Charbonnerie, on a goûté à Roybon à la Trappe et on a couché à la paille…».
Après le repas du soir, place aux jeux de cartes, de dominos, ou à la lecture avant le coucher et l’extinction des feux vers 22h30.
Les colonies en 39/45
1939
La colonie de Saint-Michel semble avoir très bonne réputation et beaucoup de succès. Pour cette raison, un second dortoir est aménagé en 1939 dans La Maison des Œuvres. Le nombre de petits colons est par conséquent porté à 50. En juillet de cette année là, ils sont sous la direction de l’abbé Vincent et sous la surveillance des abbés Ginet et Noiret.
1942
Durant la Seconde Guerre mondiale, La Fraternelle continue de recevoir ces enfants pendant l’été, comme en août 1942, sous la direction de M. Michel Blassette et M. Paul Bonne. Les familles de Saint-Michel participent aussi en ravitaillant la colonie en légumes, lait frais (très apprécié par les enfants) ou fromages. Pour manifester leur reconnaissance, les enfants offrent le 23 août une petite séance gratuite où une quête est organisée au profil des prisonniers.
1943
La Fraternelle héberge cette année-là dans son local deux colonies successives. Il y a tout d’abord la colonie de « La Jeannette » de Grenoble du 6 au 28 juillet, puis la colonie habituelle de Saint-Marcellin « La Jeanne d’Arc », du 2 août au 1er septembre. Une fois encore, grâce à l’aide du « Secours national » et à la bienveillance de la population, le ravitaillement est assuré d’une façon satisfaisante. (Présence du R. P. Barbero, directeur de « La Jeannette »).
« St-Michel est un vrai pays de cocagne ! »
Les enfants semblent se plaire énormément à Saint-Michel, pas seulement pour son cadre de vie mais aussi pour la cuisine de la colonie comme en témoigne cette carte postale d’un petit colon de Saint-Marcellin datée du 8 août 1943.
1944
Pendant le mois de juillet, 15 petits « chefs d’équipes » de la colonie de Renage viennent se former à leur rôle d’entraineurs sous la direction de 2 séminaristes.
En août, 30 petits garçons de Saint-Marcellin débarquent à leur tour sous la conduite du R.P. Barbero et des abbés Coffin et Carrier.
Suite aux bombardements du 22 août 1944 à Saint-Marcellin (9 morts, 25 blessés), les enfants doivent rester quelques jours supplémentaires à Saint-michel avant de retrouver leurs familles.
1945
Le 19 juillet 1945, les petits colons en promenade loin du village, ont une désagréable surprise à leur retour. Pendant leurs absences, la Maison de la Colonie a entièrement brulé et tous leurs effets personnels sont partis en fumée. Ils sont ainsi pour cette raison renvoyés dans leur foyer.
Les derniers colons
Les derniers enfants à venir en colonie à Saint-Michel sont probablement ces petits garçons de Voreppe en août 1955. Sous la direction d’un séminariste, ils font pendant quelques semaines semble-t-il, l’admiration des habitants du village par leur bonne tenue et leur politesse.
La Fraternelle loge en septembre 1962 la famille Perrès, rapatriés d′Algérie, après avoir accueilli la famille Navarro pendant les vacances. De même, d’autres familles suivront…
Merci à René Merle, Jean Penet et Michel Pillard, anciens “petits colons” de la région de Saint-Marcellin, pour leurs témoignages.
Sources : In Situ Revues des patrimoines – Les colonies de vacances en France, quelle architecture ? – Bernard Toulier
Bulletins cantonaux de St-Étienne-de-St-Geoirs – Août-Septembre 1932 à Mars-Avril 1962
Les colonies de vacances
Origine : À la fin du XIXe siècle, Hermann Walter Bion, un pasteur suisse ému par la mauvaise santé des enfants défavorisés de Zurich, a organisé les premières colonies de vacances en 1876 pour qu’ils profitent de la nature et surtout du grand air. Ces séjours financés par des souscriptions connaissent un succès rapide en Suisse et se généralisent rapidement à toute l’Europe et principalement en France.
Cartes postales (recto-verso)
envoyées par des enfants en colonies de vacances à Saint-Michel
Carte postale du petit Michel envoyée à ses parents en 1941. Il avait 12 ans et faisait parti de l’association sportive de la « Jeanne d’Arc de Saint-Marcellin ». Il garde un excellent souvenir de ses colonies de vacances à Saint-Michel. M. Michel PILLARD vit aujourd’hui à Têche (Isère).
Carte publiée avec son aimable autorisation.
En août 1943, Jean avait 15 ans lorsqu’il envoya cette carte à son oncle. Il faisait parti de l’association sportive de la « Jeanne d’Arc de Saint-Marcellin ».
Après une carrière militaire, le colonel Jean PENET a vécu à Presles (Isère). Il est décédé le 9 octobre 2017.
Avec l’aimable autorisation de sa fille pour la publication de cette charmante carte postale.
M. René MERLE garde intact de nombreux souvenirs de St-Michel, des jeux en échasses devant l’église, du cordonnier ou il faisait réparer ses chaussures, de la fontaine pour la toilette du petit matin, et surtout des 3 ou 4 jours supplémentaires gardés à la colonie suite aux bombardements du 22 août 1944 à Saint-Marcellin, quelques jours après l’envoie de cette carte postale. Il avait 13 ans. Son frère André est décédé à l’âge de 27 ans.
Carte publiée avec son aimable autorisation.
M. René Merle est décédé en août 2024 à l’âge de 93 ans.
LA FRATERNELLE
Présidente : Danièle GUILLOT – Tél : 04 76 65 53 00
Cette association a fêté ses 90 ans en 2017. La salle de La Fraternelle peut être louée pour des réunions de famille.